lundi 7 janvier 2013

J. Gourbis et canoun

Larbi écrit à Jeanne 
en réponse à 19 : le gourbi et le canoun

Le gourbi!  Le symbole même de la précarité: des murs en roseau , isolé par un ciment de bouse de vache , couvert pas du diss, une sorte de chaume qui protège du soleil et de la pluie. Le tout articulé et soutenu par une poutre maîtresse; l'intérieur est réservé à la resserre de provisions - peu de choses - et à la couche de ses occupants.
Contrairement à l'idée reçue les intérieurs des gourbis sont très propres: les femmes se font un point d'honneur à garder leur milieu fermé propre. D'ailleurs, elles n'ont pas le choix suivant en cela le rythme des 5 prières quotidiennes. Il est vrai aussi que les alentours  servent de dépotoirs, de poubelle à ciel ouvert!
Ne dites pas à une femme algérienne qu'elle est sale, elle vous entrainera dans son logis et vous mettra au défi de trouver une seule saleté!
En Algérie des populations sédentaires y vivent depuis plusieurs millénaires: les kabyles, les chaouis, vivaient dans des maisons en dur... les nomades vivaient sous la tente. Mais au Sahara cohabitent les maisons en dur et les tentes nomades...
Les gourbis, comme le bidonville sont apparus aux abords des villes où le travail salarié est dominant, ou près des fermes, tolérés par les fermiers à la marge de leur" propriété" constituant un volant de main d'oeuvre disponible et bon marché. Certains gourbis n'étaient dressés que pour la saison durant laquelle l'ouvrier était employé...l'ouvrier agricole est presque toujours un saisonnier.
Le canoun, c'est l'âtre que l'on déplace à l'intérieur du gourbi pour se chauffer et à l'extérieur pour cuire les aliments. On utilisait pour que le feu prenne des galettes de bouse de vache.
Le canoun évoque aussi le canon des lois coutumières et des traditions; il est symboliquement "l'outil "du cuit, du civilisé.( Avril brisé, le roman d'Ismael Kadaré repose sur le kanoun:"
L'incendie du gourbi est une catastrophe pour ses occupants, mais ils peuvent aussi mesurer la puissance des solidarités...par delà les appartenances communautaires ou de classes.
Dans un pays où plus de 70% des habitants sont urbanisés, les gourbis servent le plus souvent à exiger un relogement, lorsque ce dernier est obtenu, on le loue et on revient au gourbi...
Les historiens comptaient les habitants d'une localité au nombre de feux...





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