mardi 10 avril 2012

78. Pâques à Saint Démon


Je me souviens de la maison de Samuel et Sara à Saint Démon.  

Je me souviens de la maison de Samuel et Rachel dans le village de Saint Démon.


Je me souviens qu'on pouvait aller seuls jusqu'à la place du village, pour acheter quelques sous de bonbons chez l'épicier.



Je me souviens que c'était comme partir à l'aventure, s'enfoncer dans une forêt profonde ou goûter à la liberté qui allait sûrement advenir.

Je me souviens que la maison de Saint Démon qui avait abrité l'enfance de Sara et de ses onze frères et soeurs me semblait immense. 

Sara disait que c'était une ancienne clinique et que la maison tenait de cette fonction passée son plan en croix.


Je me souviens que deux portes à deux battants s'ouvraient devant sur un jardin et à l'arrière sur une cour.



Je me souviens du perron et que tous s'asseyaient sur ses marches par ordre de taille et posaient pour la photo.


Je me souviens du lilas qui fleurissait à Pâques quand nous allions Sara, le Père, la sœur, le frère et moi à Saint Démon.



Je me souviens des enterrements solennels de sauterelles, escargots et coccinelles dans des boîtes d'allumettes Le Jockey.

Je me souviens que Pierre nous apprenait à transformer les boîtes d'allumettes en noirs cercueils capitonnés de brins d'herbes et de fleurs.


Je me souviens qu'on pouvait faire du patin à roulettes dans le couloir traversant de la maison.




Je me souviens que lorsqu'il pleuvait, les enfants étaient autorisés à courir et jouer dans le couloir traversant la maison.



Je me souviens que c'est Pierre qui, revenu un beau jour de Paris pour les fêtes de Pâques, sillonnait le couloir sur ses patins tout neufs. 

Je me souviens que Pierre n'était plus le même, il avait un drôle d'accent et d'autres manières, et je me souviens qu'il m'avait oubliée.

(à suivre...)

LB