jeudi 23 février 2012

25. Je me souviens


Je me souviens de la lumière, de la lumière sur la mer. 

Je me souviens de la chaleur, de la tiédeur de l'eau. 

Je me souviens de la douceur des soirs qui tombent, apaisant le soleil.

Je me souviens des pins parasols, leurs troncs nus et, là haut, le bouquet des épineuses. 

Je me souviens de ce qui fait encore votre quotidien. 

Je me souviens que la mer était au nord, au nord est ou au nord ouest.

Je me souviens de la vue sur la ville à partir de ses hauteurs. 

Je me souviens des tramways et des étincelles qui jaillissaient dans les tournants, entre fils et perches. 

Je me souviens des arcades où se cachaient les amoureux. 

Je me souviens du parc du Clos Salembier, des siestes obligatoires et du sirocco.

Je me souviens des chenilles processionnaires et des pics urticants qu'elles lançaient dès la fin du printemps.

Je me souviens des orages que le bleu du ciel déchirait. 

Je me souviens de la brièveté des orages et que nous attendions dos collé aux immeubles sous les bâches des magasins. 

Je me souviens des voiles blancs et légers que le vent agitait.

Je me souviens que Khira nous prétait son voile pour que nous jouions à retrouver sur nos corps sa manière de le draper. 

Je me souviens que l'incendie de la forêt de Baïnem semblait avoir rendu l'air irrespirable.

Dans tous les pays en guerre, on trouve des havres de paix dont le calme s'interrompt brutalement pour faire place au vacarme et au carnage. 

La guerre, c'est l'éclatement soudain, dans une rue ou sur une plage, en forêt, en plein champ ou dans votre maison, de la fureur des armes.

(à suivre...)

LB