vendredi 9 mars 2012

46. Le SNI et Freinet


Je me souviens que le Père disait le SNI et qu'il s'agissait du syndicat national des instituteurs.
Je me souviens qu'il inventait et créait des objets que je sais, aujourd'hui être du matériel pédagogique.
Je me souviens des récipients d'étain pour apprendre les litres, les décilitres et les centilitres.
Je me souviens des bûchettes et que dix petites bûchettes jaunes pouvaient être remplacées par une grosse bûchette rouge.
Je me souviens de la cérémonie du remplissage des encriers de porcelaine blanche avec de l'encre violette.
Je me souviens de la préparation de l'encre violette à partir d'une quantité de poudre qu'il fallait mélanger à un litre d'eau.
Je me souviens que le Père agitait longuement la bouteille pleine pour éviter que de la poudre ne s'amalgame et fasse ensuite des pâtés.

Je me souviens que le Père ne jurait que par la méthode Freinet et qu'il en était fier.

Je me souviens avoir un jour soufflé dans un encrier, alors que je portais une bien jolie petite robe blanche, décorée de broderie anglaise.

Je me souviens que parfois, lorsqu'il allait aux réunions du SNI, Sara n'était pas contente. Pendant un temps, elle était jalouse.

Je me souviens que lorsque Sara a commencé à avoir peur, elle s'est mise à allumer une veilleuse avant que le Père ne parte. 

Mais là, ils habitaient déjà dans la Grande Ville et la Cité était loin de l'école du Père. Finis les appartements de fonction.

Dans le Village des Asphodèles, le Père ne faisait qu'enseigner et animer le Foyer Rural. 

On entendait les premiers murmures de la Guerre.

(à suivre...)

LB 

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