vendredi 2 mars 2012

35. Le souvenir de Saïd


Saïd m'écrit enfin. Il m'avait raconté une histoire d'enfance que j'avais retenue à moitié. 

Oui, il voulait bien me la dire une fois encore. Il se souvient.

Tout s'est passé dans ce bâtiment en bord de mer qui ressemble aujourd'hui à un château hanté.

L'histoire que je t'avais racontée est simple. Elle a eu lieu en 1960, j'étais à l'école primaire des Deux Moulins. 

Saïd me dit, j'avais été premier de la classe toute l'année, j'avais été reçu au certificat d'études avec de très bonnes notes.

La municipalité d'Alger m'avait offert un voyage en France, un séjour en colonie de vacances. La récompense ! J'y suis allé bien sûr. 

Mais, à la rentrée, je me suis vu orienté vers une école de menuiserie sur les hauteurs de la Ville.

J'aurais dû rejoindre la 5ème au Collège du Cap des Pêcheurs, souvenir de cette blessure, j'avais onze ans. 

Il a fallu les tractations de ma mère, le soutien de mon instituteur qui m'aimait bien, pour que je rejoigne enfin le Collège. 

J'étais en retard sur la rentrée.

Said continue, il raconte encore. Après deux mois, nous étions en 1961, et l'OAS a déclaré sa guerre contre les civils.

Beaucoup de mes camarades algériens et leurs familles ont été assassinés.

C'est grâce à une française que j'appelais Madame Ouvrard ( je lui dois bien de te dire son nom ) et à mon beau père que ma famille a pu échapper au massacre. 

Nous avons fui de nuit par le chemin des collines pour rejoindre les quartiers arabes. 

Voilà mon souvenir, me dit Saïd.

(à suivre...)

LB 


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