mardi 27 décembre 2011

4. Sara


La vieille Sara me parlait. Elle me disait : écris, écris, ma fille, qu'ils sachent, qu'ils se souviennent. Ils disaient liberté.

Elle dit les terres d'enfance perdues.

Ils disent "oublie, c'est mieux". Ils disent "cela n'interesse personne, le monde a d'autres chats à fouetter". Ils disent "pas le moment".

Elle se souvient, elle fait des rapprochements, elle relie, elle pense, elle y pense encore.

Te souviens-tu comment tout cela a commencé ?

Insidieusement, inévitablement, brutalement, sans prévenir ou avec plein de signes avant coureur, des signes qui couraient en avant et vite.

Te souviens-tu vraiment ?

Et d'abord, commencer pour qui ?

C'est cela la première question, selon où tu te trouvais, selon le regard que tu portais sur les choses et les êtres.

C'est cela, la question, selon ta lucidité, ta clairvoyance, ton regard portait sur ce qui, pourtant, crevait les yeux.

C'est cela la question, ce qui crevait les yeux n'était pas vu de tous.

Seuls quelques uns pressentent l'avenir.


(à suivre...)


LB

1 commentaire:

  1. Une des choses dont je déteste parler est ma période d'avant l'indépendance dans un célèbre quartier d'Alger de la basse-Casbah. Dans la rue du chêne, le "pigalle" de luxe le plus célèbre au sud de la Méditerranée, j'ai habité durant toute la guerre au milieu des bordels fréquentés par les marins et la fameuse légion étrangère.Le quartier qui va du cinéma " Nedjma", en passant par la rue Randon, la rue du chêne et le bas de la rue de Chartres, était contrôlé par des arabo-kabyles. Les frères Hammouche, figure emblématique de ce réseau de "mafia", étaient originaire de mon village de montagne.Dés la sortie de l'école des pères "blancs" de la rue de Bône, je passais tout mon temps à scruter l'agitation de la foule qui se pressait dans notre rue tout en restant aux aguets pour éviter d'éventuelles bagarres entre les "Zazous" du coin.

    Ma rue dans le quartier de la marine,
    embellie par les enseignes des bordels,
    Grouillait de jeunes belles malines
    Qui ralliaient, le matin, leurs hôtels.

    Dans leurs jolies robes de dentelle,
    Elles étaient un peu cabotines
    Mais,leurs coeurs étaient fidèles
    Aux hommes de la rue du chêne.

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