mercredi 28 décembre 2011

5. Les mendiants


Je me souviens des hommes assis sur les trottoirs, en bord de mer, le long des balustrades ou sous les arcades, et qui mendiaient.

Aujourd'hui, tu vois, disait Sara, ici aussi les gens mendient, quémandent, autrefois, c'était seulement là-bas, pas encore ici.

Je me souviens du moment où on a vu, ici, des gens commencer à s'asseoir sur les trottoirs et à mendier.

J'ai repensé à eux, les mendiants de mon enfance, eux que j'avais fini par oublier. J'ai compris alors que le monde avait changé.

Aucun pays ne serait plus préservé de l'extrême pauvreté, celle la même créée par le pouvoir colonial, en ces temps oubliés.

Je me souviens que ce n'était pas le bon vieux temps, sauf si le temps n'était bon que d'avoir été celui de l'enfance.

Je me souviens que l'extrême pauvreté côtoyait notre aisance. Je me souviens, disait Sara.

Aujourd'hui, le monde entier est devenu semblable au monde de mon enfance, une partie de la population s'assoit sur les trottoirs et mendie.

Je reconnais ce monde, il me saute aux yeux, il est là, il revient d'autrefois.

Il a traversé le temps, ou alors le présent est allé le rejoindre.

Ils me disent d'arrêter, se souvenir ne sert à rien, nous n'avons pas le temps, avançons, les bouleversements en cours vont tout effacer.

Ils me disent suivez le fil du temps sans retour.

Ils me disent il n'y a pas de retour.

Il n'y a pas de retour possible.


(à suivre...)


LB

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